Quel CMS open source choisir pour créer son site web ?

Faut-il encore présenter WordPress, sans nul doute le plus connu des CMS open-source et le système de gestion de contenu le plus utilisé dans le monde très loin devant Joomla et Drupal ? En effet, plus de 43% des sites web actuellement en ligne fonctionnent avec WordPress (soit, plus de 64% de part de marché des CMS). Ce dernier n’est pas tout à fait un pionnier dans l’univers des CMS lorsqu’il fait son apparition en 2003. Au départ, c’est une plateforme de blogging dont le succès est porté par l’engouement du grand public vis-à-vis de cette nouvelle façon de s’exprimer sur le web. Sa facilité de prise en main, l’incomparable richesse de son catalogue d’extensions (thèmes et add-ons) en constante augmentation n’ont fait que renforcer sa popularité et ont très largement contribué à l’imposer comme CMS bien au-delà de la blogosphère. Outre cette philosophie résolument grand public, c’est une solution dont la réputation en matière de SEO n’est plus à faire (bien aidée par une extension bien connue des spécialistes du référencement). Il faut néanmoins avoir à l’esprit qu’au vu de son grand nombre d’utilisateurs, WordPress est, et de très loin le CMS le plus ciblé par les cyberattaques. Choisir WordPress exigera également de composer avec ses très nombreuses mises-à-jour ainsi que celles de ses extensions dont les agendas ne sont pas toujours cohérents. Il faudra enfin composer avec un back-office peu propice à l’organisation et au travail collaboratif.

Joomla! a vu le jour en 2005. Jadis connu en tant que Mambo, le CMS open source profite d’une forte popularité au début des années 2000 puis est doublé par WordPress et sa communauté sans cesse grandissante. Plus simple à paramétrer qu’un Drupal, il peut encore s’avérer intéressant dans des configurations de projets intranet et extranet. Sorte d’entre-deux entre WordPress et Drupal, il n’offre malheureusement ni la simplicité du premier ni la robustesse du second. À noter : Joomla! prend en charge plus de soixante-dix packs de traduction pour la gestion de contenu multilingue et reste, encore aujourd’hui le CMS le plus populaire dans le monde juste derrière WordPress.

Drupal est créé en 2001 par Dries Buytaert et bénéficie rapidement d’un engouement à l’échelle internationale lorsqu’il est choisi par les services de la Maison Blanche pour réaliser le site de l’équipe de Barack Obama. Si ce CMS open source offre des possibilités quasiment illimitées en matière de création de sites web y compris de sites intranet et extranet très ambitieux, c’est avant tout une puissante boîte à outils appréciée des professionnels du web. Injustement critiqué pour sa complexité, il est injuste de le comparer à WordPress tant les deux solutions répondent à des exigences très différentes. À WordPress, les sites surtout éditoriaux rapidement mis en ligne, à Drupal les projets plus complexes voire plus ambitieux. Outre le recours au framework de développement Symfony, Drupal a également contribué à populariser le concept de solution de gestion de contenu découplée encore appelé Headless CMS.

Bien moins populaire que WordPress, Drupal voire Joomla, Typo3 n’en demeure pas moins un CMS open source LAMP parmi les plus utilisés dans le monde. Fruit du travail de Kasper Skårhøj, la solution de gestion de contenu voit le jour à la fin des années 90. Elle a notamment profité du soutien des équipes de Dassault Systèmes par la suite. Sans égaler le nombre de plug-ins proposé par la communauté WordPress, le catalogue d’extensions disponible avec Typo3 n’en demeure pas moins déjà très riche. La comparaison s’arrête là. Paramétrage et personnalisation s’en ressentent ! Car, un peu à la manière d’un Ibexa, toutes proportions gardées, Typo3 revendique aujourd’hui un positionnement B2B qui demeure essentiellement cantonné à la publication de contenus éditoriaux. En conséquence, Typo3 s’adresse plutôt à des projets web significatifs et ambitieux même s’il marque un certain recul au profit notamment de Drupal (Airbus, Unesco) voire de WordPress (Greenpeace, Amnesty International). Le back office de Typo3 à l’injuste réputation d’être austère. Quoi de plus normal pour une solution de gestion de contenus à vocation professionnelle particulièrement populaire outre-Rhin ?

SPIP est l’acronyme de Système de Publication pour l’Internet (oui, il manque une lettre ; c’est à votre convenance). Avouons le, sa place au sein du présent classement est pur chauvinisme. En réalité, SPIP n’a acquis qu’une toute petite part de marché à l’échelle internationale. En France, c’est autre chose ! Si les belles heures de cette solution pionnière sont quand même derrières elle, il faut reconnaître qu’au tout début des années 2000, SPIP a très largement contribué à démocratiser outre le concept de CMS, les logiciels libres et la stack LAMP dans l’Hexagone. De là à écrire que ce CMS a préparé le terrain de WordPress, il n’y a qu’un pas à faire que je ne franchirai pas. Il faut néanmoins noter que la solution s’est surtout illustrée dans les domaines public et associatifs mais n’a pas tout à fait convaincu le monde de l’entreprise, sa valeur ajoutée étant avant tout centrée sur la publication de contenus éditoriaux.

DotNetNuke plus récemment rebaptisé DNN est un CMS qui a vu le jour au tout début des années 2000. Comme son nom le suggère, cette solution de gestion de contenus a la particularité d’avoir été mise au point en ASP.NET Les sites web conçus avec DNN sont donc majoritairement hébergés au sein d’une architecture Microsoft Windows ce qui peut en partie expliquer l’engouement moindre pour cette solution lorsqu’on la compare à d’autres comme WordPress, Drupal ou Joomla. C’est de surcroît, un point à garder à l’esprit lorsqu’il s’agira de choisir DNN étant entendu que les hébergements Windows sont moins répandus et souvent plus coûteux. Si DNN demeure un projet open source dont le scope fonctionnel s’avère tout bien considéré plutôt sommaire, une version commerciale a vu le jour sous le nom Evoq. Cette dernière s’attache à proposer un catalogue de fonctions additionnelles : DAM, workflow et permission, personnalisation, connecteurs etc. Pour autant, ce dernier semble ou bien trop peu conséquent pour souffrir la comparaison avec WordPress ou bien trop peu convaincant pour affronter le niveau d’expertise proposé par un Ibexa. DNN doit enfin composer avec la concurrence relative mais non négligeable que lui fait Umbraco, un autre CMS open source mis au point avec la technologie .NET !

eZ Publish est un CMS open source LAMP né au tournant des années 2000 en Norvège. Contrairement à la plupart des solutions citées précédemment, ses créateurs ont très tôt adopté un double prisme original qui a fait de leur solution une sorte d’anti-Wordpress. eZ Publish incarne plus qu’aucune autre solution de gestion de contenu, la stratégie « content first » non plus à l’échelle seule d’un site web à à l’ensemble de tout un écosystème digital. C’est un CMS à vocation professionnelle qui offre pléthore de fonctions avancées en matière de personnalisation et de segmentation pour le plus grand bonheur des équipes marketing et commerciale. C’est également l’un des tout premiers à fournir un framework de développement qui donne la possibilité aux développeurs et intégrateurs d’explorer un champ des possibles quasiment illimité (dans quelle mesure cette approche a t-elle influencé l’équipe aux manettes de Drupal ?). Aujourd’hui baptisée Ibexa, le CMS des origines a définitivement laissé la place à une plateforme de gestion de l’expérience numérique B2B, mix de DXP (Plateforme d’expérience digitale) et de plateforme commerce unifiée dont le paramétrage, la personnalisation et l’usage sont définitivement réservés aux professionnels aguerris.