Tony Fadell a commencé chez Apple en 2001. Rapidement, il a été nommé en charge du design et hardware du nouvel iPod, puis du nouvel iPhone. Depuis quelques années, son entreprise, Nest, s’impose en leader des objets connectés. Avec Nest, Tony réinvente les objets domestiques communs en leur apportant une connectivité. Il était au Websummit Dublin pour une conférence sur Nest et l’internet des objets, à laquelle ikomobi a assisté. Compte-rendu d’un entretien passionant.
Pourquoi être passé de designer des iPods et iPhone aux appareils domestiques ?
On me posait en fait la même question en 2001 : pourquoi une entreprise comme Apple, avec 150 millions en banque, 500 en dettes, et moins de 1% de parts de marché sur les ordinateurs aux États-Unis, se lancerait-elle sur un lecteur de musique ? Ce projet d’iPods était considéré par beaucoup comme celui d’un gadget anecdotique : beaucoup pensaient qu’il ne serait pas possible que cela rapporte à Apple. Nous l’espérions, mais personne n’en était sûr. Mais quand on y repense, c’était une technologie « disruptive », combinée avec un marketing « disruptive » lui aussi. Pourquoi n’irions-nous pas réinventer ces technologies ?
Quelles leçons d’Apple avez vous retenu pour le Nest ?
Beaucoup de personnes pensent que l’interface doit être léchée et l’expérience utilisateur optimisée. C’est vrai. Il ne faut pas lancer une version béta à moitié finie d’un produit : les gens aimeront votre prochain produit parce qu’ils ont aimé le premier dès la première seconde. Du déballage au moment où ils l’installent sur leur mur, l’expérience client doit être entièrement réfléchie.
Comment vous est venue l’idée d’un thermostat ?
Ma femme et moi nous étions retiré d’Apple. Nous voulions construire une maison, et voulions la rendre la plus connectée et efficace du point de vue énergétique. Nous voulions que l’iPhone en soit le centre névralgique.
Quel potentiel voyez-vous dans le nest ?
Quand nous avons commencé, nous disions aux gens : c’est très simple : c’est juste un thermostat. Mais contrairement aux autres, ce n’est pas juste un interrupteur. Il appréhende de façon intelligente son environnement, et apprend de celui-ci : avec un thermostat Nest, nos clients peuvent économiser 5 à 10% de leur factures énergétiques en moyenne.
Pourquoi considérez-vous ça comme un service ?
Notre solution est en effet une solution matérielle, mais nous faisons aussi tourner 4 logiciels à partir des données collectées par le Nest, qui permettent de faciliter la vie à nos clients. Nous voulons vraiment nous focaliser sur l’expérience client.
Qu’en est-il de votre second service ? Comment pensez-vous qu’un détecteur de fumée puisse être révolutionnaire ?
Les gens sont très frustrés de ces produits que le gouvernement leur impose dans leu maison. Auparavant, vous n’aviez qu’un choix : un produit énervant, frustrant, qui se déclenche régulièrement sans raison. Il a été démontré que 72% des décès lors d’incendies domestiques étaient liées à la désactivation volontaire de ces dispositifs par les gens. Ce ne devrait pas être le cas, et c’est en ça que le nest est révolutionnaire. Les gens veulent que leur famille soit en sécurité, et quant ils regardent cette boîte en plastique jaunâtre, ils ne savent même pas si elle fonctionne. Le Nest leur indique avec une LED qu’ils sont surveillés, et en sécurité.
Envisagez-vous une suite complète de produits ?
Il y a 4 semaines, nous avons annoncé un API. Nous n’allons pas tout faire : ainsi, nous proposerons une palette organisée de produits que nous sélectionnerons.