[chapeau] Deux membres de l’équipe se sont levés tôt  pour se rendre à Paris mercredi et jeudi dernier ! Nous avons eu la chance d’assister à la première conférence Internationale dédiée à l’internet des objets, et nous n’avons pas été déçus.[/chapeau]

La Connected Conference s’impose comme l’évènement International incontournable concernant les objets connectés.
Les organisateurs (RudeMedia et Liam Boogar) nous avaient sélectionné des exposants passionnants, et plus d’une centaine de speakers experts. Le résultat : une fantastique série de conférences et panels réunissant des intervenants de qualité et très accessibles. C’était donc « the place to be » pour dénicher, comprendre et analyser les tendances et les enjeux que représentent les objets connectés.

 


Sommaire


Les objets connectés et leurs usages

(Tentative de) Définition

Il existe une analogie simple pour cerner le phénomène.

L’Heure était autrefois un cadran solaire, un clocher, surplombant la place publique. Sont ensuite arrivées les horloges, plus petites, pour rythmer chaque foyer. C’est ensuite devenu un objet individuel, une montre, qui rythmait la vie de chacun. Aujourd’hui, ce n’est plus qu’une fonctionnalité acquise dans nos smartphones, sur nos fours, micro-ondes, ordinateurs, et bien d’autres.

Internet et la connectivité représentent un phénomène similaire. Nous accédions d’abord à internet dans des universités, puis depuis des cyber-cafés. Ensuite, dans nos foyers avec l’ADSL. Aujourd’hui, chacun l’a dans sa poche avec son mobile. Demain cela ne sera plus qu’une commodité sur nos fours, nos réfrigérateurs et bien d’autres objets.

Des usages connectés

Des objets connectés, il en existe déjà plusieurs. Cela va du Drone de Parrot, à la balance connectée de Withings, en passant par les montres connectées ou le Smart Drop « Evian Chez Vous ». Mais ce qui importe le plus face à toute cette nouvelle technologie, ce sont les usages qu’elle permet.

La FNAC a profité de l’évènement pour nous dévoiler en avant-première le résultat de son enquête clientèle sur les objets connectés.  Les chiffres sont impressionnants. Les clients FNAC sont plus de 50% à prévoir d’acheter une montre connectée. 20% d’entre eux prévoient d’acheter un objet connecté dans les semaines à venir. (Tous les détails sur les slides de la Fnac) mais le plus important c’est de voir comment ces gens perçoivent les objets connectés. Ils sont plus que des capteurs. Ce sont des trackers qui mesurent et suivent la qualité de leur style de vie, mais aussi et surtout des coachs pour une meilleur style de vie. Leur adoption est naturelle, intuitive. Nous verrons que c’est en particulier parce que leur usage fait parti du contexte utilisateur.

Les grandes tendances sont  avant tout la santé et la domotique. Nos maisons pourront être sécurisées avec des objets&nbsp;comme <strong>August</strong> ou <strong>DropCam</strong>. La Santé sera portée par les&nbsp;<strong>« Wearables »</strong>, avec par exemple <strong>Pebble</strong>, <strong>Jawbone</strong>, <strong>Withing&rsquo;s O2 Pulse</strong> ou encore <strong>June. &nbsp;</strong>D&rsquo;autres concepts émergent également, comme ceux des « <strong>Smart City</strong> » ou encore les <strong>voitures connectées</strong>.&nbsp; &nbsp; Je vous présente ici 5 enjeux qui pourraient bien transformer nos entreprises dans les années à venir.</p> <h2 id="BigData">Données et Intelligence</h2> <p><em>À l&rsquo;aube de la Big Data.</em> Les données ont été le principal centre d&rsquo;intérêt tout au long de la conférence.</p> <blockquote class="twitter-tweet" lang="en"><p> Luc Julia speaking at the <a href="https://twitter.com/ConnectedConf">@connectedconf</a> « it&rsquo;s all about <a href="https://twitter.com/search?q=%23data&amp;src=hash">#data</a> » <a href="http://t.co/Siw5MRi64O">pic.twitter.com/Siw5MRi64O</a> — Rachel Vanier (@VanierRachel) <a href="https://twitter.com/VanierRachel/statuses/479206948341313536">June 18, 2014</a></p></blockquote> <p><script src="//platform.twitter.com/widgets.js" async="" charset="utf-8">

Luc Julia (Père de SIRI chez Apple, maintenant directeur de l’innovation chez Samsung) a ouvert le bal avec son Talk « Voice of the Data« . Luc Julia pense que d’ici 2020, il y aura 1,5T d’objets connectés dans le monde, au moins 70 par personne. Un smartphone moderne embarque déjà plus 45 capteurs et tous produisent de la donnée. L’enjeu est massif : exploiter cette énorme masse de données, pour apporter une valeur ajoutée à son utilisateur final. Un challenge que devra notamment relever Google, après son acquisition de Nest pour plus de $3 milliards.

Jean-Michel Malbrancq (PDG de GE HealthCare) nous a notamment démontré comment les données, leur ouverture et leur interconnexion révolutionnent le monde de la santé. Les algorithmes de machine learning sont maintenant capables de prédire une admission en urgence à l’hôpital plus de 7 jours à l’avance, et peuvent diviser par 4 la durée d’hospitalisation.

C’est un véritable challenge auquel les systèmes d&rsquo;informations de nos grandes entreprises se préparent. L&rsquo;utilisation efficace des données avait&nbsp;déjà permis d&rsquo;améliorer la compétitivité des entreprises, en particulier dans la grande distribution. Cela a déclenché un clapotis, mais les objets connectés devrait avoir l&rsquo;effet d&rsquo;un raz-de-marée. Les données vont submerger nos entreprises et ceux qui sauront les valoriser gagneront un avantage stratégique ferme et durable.</p> <h2 id="Context">Le contexte dans l&rsquo;experience utilisateur</h2> <p>Le traitement intelligent de ces données va également changer la manière dont nous, utilisateurs, interagissons avec nos écrans.&nbsp;Jusqu&rsquo;à présent, les logiciels ont toujours suivis une logique où l&rsquo;utilisateur fait une requête au système et le système répond. Je lance un itinéraire, donc Google Maps me guide vers la destination que j&rsquo;ai définie.&nbsp;Je demande à Siri ce que j&rsquo;ai de prévu aujourd&rsquo;hui, et Siri me dicte mes rendez-vous. Pour Ami Ben David, fondateur d&rsquo;EverythingMe, ces expériences utilisateurs&nbsp;sont sur le point d&rsquo;être dépassées. EverythingMe ou Google Now sont des exemples de solutions qui changent la donne. Pas d&rsquo;actions à effectuer pour l&rsquo;utilisateur qui est sur le point de partir au travail : &nbsp;Google Now lui annonce spontanément que la&nbsp;circulation va être dense. Sachant qu&rsquo;il a une affinité pour le football, Google Now le préviens spontanément que la France étrille la&nbsp;Suisse, 5 à 2&nbsp;. Ces usages, c&rsquo;est l&rsquo;Anti-SIRI.&nbsp;</p> <blockquote class="twitter-tweet" lang="fr"><p> Je ne devrais jamais avoir à demander à mon application quelque-chose qu&rsquo;elle sait déjà-<a href="https://twitter.com/amibendavid">@AmiBenDavid</a> <a href="http://t.co/W2hZWA2JIK">http://t.co/W2hZWA2JIK</a> <a href="https://twitter.com/search?q=%23ConnectedConf&amp;src=hash">#ConnectedConf</a> — ikomobi (@ikomobi) <a href="https://twitter.com/ikomobi/statuses/479558364616486912">19 Juin 2014</a></p></blockquote> <p><script src="//platform.twitter.com/widgets.js" async="" charset="utf-8">

Et c’est bien là que les choses changent. Ce n’est pas l’interface qui devient contextuelle, c’est l’expérience utilisateur. L’utilisateur s’habitue à ce que le système le connaisse et anticipe. Lorsque je lance l’app Google Now et qu’il ne me propose pas le trajet dont j’ai besoin à ce moment précis, j’ai maintenant l’impression qu’il ne « marche pas ».

L’utilisateur n’a pas (ou plus) besoin de faire une série d’interactions pour voir la donnée qu’il veut, c’est la donnée qui vient à lui. Les Objets Connectés font partie de ce monde. Ils ont des interfaces minimales, voire inexistantes. Ils génèrent et disposent d’une quantité de données astronomique, et offrent à l’utilisateur une intelligence basée sur ce contexte. Les applications mobiles vont également entrer dans ce monde du minimaliste prédictif.

Le rôle du mobile

Ce n’est pas un secret : les applications mobiles telles que nous les connaissons vont disparaître. Avec iOS8, on parle déjà d’applications invisibles, qui ne vivent que via le push de notifications contextuelles (Swarm, dans sa vision, en est un exemple). Loin de nous effrayer, cette perspective nous enchante.

Le mobile et les objets connectés apparaissent comme des substituts les uns des autres. En réalité, leurs usages vont évoluer pour aller vers une forme de complémentarité. Notre téléphone devrait rester dans notre poche plus longtemps. 72% des vérifications d’écran que nous faisons pourront être faites depuis notre poignet. De quoi expliquer l’engouement pour les montres connectées.

D’un autre coté, la majorité des objets se contentent d’afficher une interface minimaliste, voire aucune interface. Le smartphone sert alors à relayer les données vers le cloud et affiche les résultats plus complets, plus riches, plus intelligents. Le Smartphone sera le Nexus de notre monde connecté. C’est probablement lui qui fera que mes objets me reconnaissent personnellement. Si les objets traquent mes données, mes performances, c’est mon smartphone qui devient mon coach personnel. Il me suit partout et me conseille. Il devient pro-actif et m’accompagne dans mon quotidien, aussi bien professionnel que personnel. Pascal Cagni (Directeur d’Apple EMEA pendant 12 ans) résume très bien la chose : le mobile est notre hub personnel dans une vie connectée !

Interaction avec les marques

Un panel de la conférence était dédié au Retail, et comportait Katia Hersard (Fnac), Olivier Binet (Paypal) et Alexis Thobellem (Directeur digital, Danone). Ce dernier nous a particulièrement parlé de la SmartDrop « Evian chez vous ».

Evian SmartDrop

Il s’agit d’un objet connecté, sous la forme d’une magnet pour frigo, qui vous permet de se faire livrer de l’Evian chez vous en quelques heures. Déployé uniquement à Paris pour des raisons stratégiques (Pauvre qualité de l’eau du robinet, habitude des courses à pieds), SmartDrop résous le problème du transport piéton de lourds packs d’eau, en rendant extrêmement simple leur livraison au pas de la porte. Cette facilité d’usage permet à SmartDrop de s’inscrire de façon transparente dans le style de vie de ses utilisateurs. Et rien qu’en cela, l’objet augmente la consommation des foyers qui le possèdent, et permet à Danone de se créer un réseau de distribution propre,et rend la marque plus proche et plus humaine aux yeux des consommateurs.

Retrouvez ci-dessous le concept en vidéo.


Les fondateurs de SigFox et d’autres speakers sont revenus sur un point : les objets connectés nous permettent de relever la tête de nos écrans, pour consacrer plus de notre temps à l’humain. Le Beacon de Paypal, par exemple, remplace l’acte de paiement par une simple identification. Lorsque je vais au boucher de mon quartier, il me reconnait. Maintenant Paypal aussi. Et il s’occupera de la transaction. On ne devrait plus avoir à payer, juste à dire : « Bonjour, c’est moi ». Et le reste se fait tout seul : la vision ultime du paiement, transparent et (quasi-) indolore.

L’avènement de la Co-conception utilisateur

Pour Danone, leur première tentative d’objet connecté, au début des années 2000 a été un échec, et leur projet SmartDrop, ainsi que son petit frère Londonien n’aurait pu être un succès sans un co-développement utilisateurs. Cela a tout d’abord un impact sur l’image de la marque. La marque parait plus proche de ses consommateurs, plus accessible, plus humaine.

Le produit peut être avant-gardiste, il peut être disruptif, mais son adoption par l’utilisateur est prise en compte toute au long de la conception. Les utilisateurs impliqués dans la conception du produit se transforment en ambassadeurs du produit et l’évangélisent. Par ailleurs, c’est une façon de construire plus qu’un objet, mais une expérience utilisateur. Dans le développement d’applications mobiles, il est courant, voir incontournable de faire des tests utilisateurs, mais cela devrait s’appliquer également au développement de tout nouveau produit.

En somme, les dernières success-stories des objets connectés mettent en évidence la nécessité du co-développement produit impliquant les utilisateurs dans les projets innovants. C’est une pratique qui devrait se généraliser dans les entreprises de demain, et que nous mettons d’ailleurs déjà en place avec certains partenaires chez ikomobi.

En bref

Il y avait tellement plus à dire concernant cette conférence. D’autres sujets passionnants ont été abordés, la redéfinition de la production/ distribution par  l’impression 3D, ou encore la vision incroyable de Trevor Dorling sur la ville intelligente. Henry Seydoux (CEO, Parrot) et Jack Lang, (Créateur du RaspberryPi) nous ont partagé leur vision sur la future plateforme permettant à tous les objets connectés de parler la même langue. Gary Atkinson (ARM) nous a exposé comment les objets connectés vont permettre à l’humanité de surmonter les prochains challenges (Agriculture, construction, etc.) : très inspirant. Les débats sur le financement des startups Hardware, notamment entre Fred Potter (Netatmo) et Severin Marcombes (Lima) étaient passionnants. Axelle Lemaire (secrétaire d’état chargée du numérique) nous a exposé sa vision pour soutenir l’éco-système Français. Ou encore la présentation de la LysBox, un objet des services publiques du Loiret. Le sujet est extrêmement vaste, et en forte croissance.

La 3e révolution du Web

Les objets connectés vont changer notre style de vie, notre façon de consommer. Et cela se fera naturellement. Parce que nous attendons d’internet et de l’informatique qu’il nous facilite la vie, qu’il nous augmente en tant qu’individu. L’entrée des objets connectés dans notre vie se fera de manière encore plus transparente que les PC ou les smartphones. Ce ne sont pas des outils. Ce sont des objets que nous allons adopter naturellement. Demain nous mettrons plus de capteurs dans nos machines à laver que nous n’y avons jamais mis de pièces de monnaie.

 

Sans rupture, notre vie va se connecter.