[chapeau]Le 14 mai dernier, je me suis rendu à TheFamily, accélérateur de start-up Parisien. 2 employés de Facebook se sont déplacés pour nous restituer la conférence F8, et nous parler des nouveaux outils que le réseau social a mis en place pour les développeurs et promoteurs d’applications mobiles. Les 3 mots clefs de la soirée : Build, Grow, et Monetize.[/chapeau]

 

ikomobi chez The Family, Paris

Build

A new moto

Facebook a changé de mot d’ordre. L’impertinent “Move fast and break things” a laissé la place à “Move Fast, with stable infra”. Beaucoup moins sexy, mais bien plus rassurant pour les marques et développeurs qui cherchent à construire sur le long terme sur la plateforme. Stratégie concrétisée par la promesse d’une stabilité de ses API pendant 2 ans.

Parse Core

L’outil star de la soirée fut Parse. Parse est une suite d’outils back-end à destination des développeurs mobiles, rachetée en avril 2013 par Facebook. Compatible iOS, Android, WindowsPhone et Web (entre autres), il est composé de trois entités (Parse Core, Parse Push et Parse Analytics). Je reviendrai plus tard sur la partie Push et Analytics. Parse Core propose un outil de bases de données permettant de stocker des données liées à une application, dans le cloud (identifiants utilisateurs, photos, etc.). Il est composé de nombreuses fonctionnalités très intéressantes, dont Local Datastore, qui permet aux développeurs de mettre en place des scénarios d’usage Offline de leurs applications aisément.

AppLinks

L’annonce de F8 qui a fait grand bruit dans la communauté tech, c’est celle d’Applinks. Applinks est une solution open-source et cross-plateform, qui permet de faire le lien entre une page web et son équivalent dans une application. Ainsi, l’outil permet de créer un « lien » d’une application à une autre, comme l’hypertexte le permet déjà sur le web.  Mais mieux vaut une vidéo qu’un long discours : retrouvez donc le concept ci-dessous :

 

 

Déjà utilisé par de nombreux partenaires (Dailymotion, Dropbox, Songkick, Spotify…) le concept d’Applinks est extrêmement intéressant. Il est cross-plateform, contrairement aux Intents Android de Google, et aux URL Schemes d’Apple. Attendons la réponse des principaux éditeurs (Apple, Google, Windows et même le W3C), qui ne vont pas tarder à réagir.

Grow

Partant du constat que votre app est noyée dans une masse de plus de 2 millions d’applications, et que 60% des applications ne sont utilisées qu’une fois, Facebook souhaite aider les développeurs à développer et engager l’audience de leurs applications.

Parse Push & Analytics

En plus de Core dont je vous parlait plus haut, Parse dispose de deux autres fonctionnalités : Push et Analytics. La première consiste en un service de push notification qui permet la programmation et le ciblage très précis de push notifications (caractéristiques sociales, zone géographique, etc.), via un outil extrêmement intuitif, utilisable par les équipes non techniques d’une entreprise.

 

La seconde Parse Analytics, est un outil gratuit d’analyse des comportements au sein d’une application. Elle permet notamment, de façon extrêmement simple, de connaître le taux de transformation d’une campagne Push notifications. Ou encore, de mesurer des évènements spécifiques : par exemple, King peut savoir quel niveau de Candy Crush est trop compliqué. Une autre fonctionnalité indique le pourcentage d’utilisateurs encore actifs une, deux ou trous semaines après l’installation de l’application, et permet ainsi de savoir si une feature encourage l’usage d’une application. Parse analytics est prometteur, mais semble peu mature pour l’instant. Elle oblige les équipes à l’utiliser en plus de leur outil d’analytics web, ce qui n’est pas forcément la bonne marche à suivre dans une optique de tracking omnicanal.

Et bien d’autres …

Cela peut paraître anecdotique, mais le bouton « like » de Facebook n’était jusqu’alors pas compatible mobile : seul le partage était possible. L’apparition prochaine de ce bouton « like » (encore en version preview) va permettre de favoriser la viralité de certains contenus mobiles, notamment au sein des applications médias ou des fiches produits. Facebook modifiera également son Facebook connect pour permettre une connexion anonyme à une app, qui ne partage aucune donnée avec l’application tierce. Enfin, depuis une app, il sera aussi possible de partager directement un contenu avec quelqu’un via messenger.

Monetize

Facebook propose depuis juin 2012 les App Install ads (dont je vous en parlait dans notre récent article sur la promotion d’applications mobiles), qui consistent en des publicités natives encourageant le mobinaute à télécharger une application. Le réseau social se félicite de ce format publicitaire mobile, qui a suscité plus de 350 millions de téléchargements depuis son lancement. Le réseau social confirme donc l’essai en introduisant en octobre 2013 les Mobile App Ads : celles-ci permettent de réengager les utilisateur de Facebook ayant déjà installé votre application en les invitant à la visiter (exemple vidéo ici avec Hostelworld). Mais avec Audience Network, Facebook va encore plus loin et s’impose en régie publicitaire mobile.

Audience Network

Une des annonces les plus importantes de F8 fut Audience Network : la régie publicitaire mobile de Facebook. Elle permet à n’importe quel développeur mobile d’inclure des encarts publicitaires (bannières, interstitiels, ou formats natifs) au sein de leurs applications. C’est la première fois qu’un format publicitaire Facebook est visible en dehors de Facebook lui-même. Avec ce réseau publicitaire, Facebook compte bien rivaliser avec Google (Admob), Twitter (Mopub) et les autres acteurs de ce marché très compétitif, qui représentera cette année 75% de croissance et 31,45 milliards de dollars.

 

Avec ces nouveaux outils, le virage mobile de Facebook est confirmé. Le rendez-vous est donné : chaque année , il y aura 3 évènements principaux à destination des développeurs mobiles : la WWDC d’Apple, Google I/O, et Facebook F8.

 

Tous ces outils dévoilés par Facebook sont aussi révélateurs d’une problématique plus large. Les sites internet, il y a quelques années, n’étaient accessibles que via des liens directs sur des « portails internet » fourre-tout, comme celui de Yahoo. Il n’y avait pas de solution aisée de découverte et d’acquisition de nouveaux utilisateurs web. Puis Google et son algorithme, Pagerank, sont arrivés en 1996, et ont permis tout cela.

 

Le mobile, lui, est encore dans une phase Pre-Pagerank : les problèmes de la découverte, l’acquisition de nouveaux utilisateurs d’apps ne sont pas résolus. Avec ses outils, Facebook facilite le développement d’applications et offre une plomberie de meilleure qualité (Applinks) pour les faire communiquer entre elles. Mais le problème de la découverte et de l’acquisition de nouveaux utilisateurs demeure. Une des seules solutions pour les éditeurs reste donc de payer pour aller placer leur application devant les yeux de leurs utilisateurs : sur leur fil d’actualité Facebook.